Située en Europe de l’Est, entre l’Ukraine au Nord, à l’Est et au Sud et la Roumanie à l’Ouest, la République moldave du Dniestr (PMR en Russe : Pridnestroskaya Moldovskaya Respublika, ) est une république autoproclamée qui a fait sécession de la République de Moldavie en 1991.
Ce petit Etat de 4100 km² et de 500 000 habitants comprend une population majoritairement slavophone. Il est subdivisé en cinq « raïon » et deux municipalités dont Tiraspol, la capitale. La Transnistrie est représentée par Igor Smirnov, président de la république depuis 1991.
Histoire
Ancienne région ukrainienne (Podolie), la Transnistrie fut en 1924 rattachée à la jeune république autonome moldave. En 1940, alors que les Soviétiques occupent la Bessarabie, la République autonome moldave est dissoute et divisée en 2 parties qui seront attribuées à la RSS de Moldavie et à la RSS d’Ukraine. En fait, la Transnistrie correspond à peu près à l’ancienne Bessarabie.
Lors de l’arrivée au pouvoir de Gorbatchev et de l’instauration de la Perestroïka qui donnait un peu plus de pouvoir et libertés aux minorités, des mouvements indépendantistes et nationalistes se créent au sein de toutes les Républiques soviétiques. En 1989, la République de Moldavie proclame son indépendance et envisage son rattachement à la Roumanie. La langue parlée sera le roumain et le retour à l’alphabet latin. En Transnistrie, les séparatistes slavophones se mobilisent craignant de devenir des minorités au sein de cette nouvelle république. En septembre 90, la Transnistrie proclame son indépendance. Immédiatement, le gouvernement de Chisinau réplique et envoie des troupes sur les rives du Dniestr. S’ensuient des combats sanglants entre Moldaves et séparatistes soutenus par la XIVème armée russe.
Fin 91, la République moldave organise un référendum pour statuer sur l’indépendance de la Transnistrie. La population se prononce en faveur des séparatistes.
En été 92, les combats reprennent. Le président moldave, Snégur et Boris Eltsine signe un accord fixant le sort de la PMR (Transnistrie) en octobre 1992 qui prévoit un statut de région autonome au sein de la République de Moldavie (Unité territoriale autonome de la rive gauche) et l’abandon de la campagne de roumanisation. La Russie s’engage à rester neutre.
Le conflit transnistrien est un conflit « canada dry ». Tout pourrait laisser croire qu’il s’agit d’une guerre interethnique mais la composition du gouvernement Smirnov soit, des ex-Kgbistes et anciens membres de la GRU, laisse supposer qu’il s’agit avant tout d’un conflit politique. L’économie et la survie de ce petit territoire dépendent de la Russie. La Transnistrie a des allures de musée de l’ère soviétique. A côté de ces vestiges s’érigent d’immenses bâtiments neufs tels ceux de Gazprom, ou ceux du groupe « Sheriff » (supermarchés, stations services, stade de football…) qui officieusement appartiennent à Smirnov et à des investisseurs paramafieux russes ou moldaves. Cette vitrine donne un aspect beaucoup plus moderne que la réalité. Ce qui contribue plus ou moins à humilier la République de Moldavie.
Ce petit état est également une plate forme de trafics internationaux (armes, drogues, prostitution..).
D’autre part, les propositions émises par Moscou corroborent bien le fait que la Transnistrie serait une enclave russe, notamment suite aux déclarations de Vladimir Poutine quant à la création d’une région intégrée à la République de Moldavie, mais qui resterait bilingue russe-moldave et ne revendiquerait pas sa roumanophonie. Elle resterait liée à la Fédération de Russie par des accords bilatéraux.
En septembre 2006, un nouveau référendum a été organisé soutenu par la Russie et notamment par les forces russes en présence. Il a mobilisé 78,6 % des électeurs, qui ont approuvé à 97,1 % le rattachement à la Russie dans le cadre de la CEI . Selon les observateurs de la CEI venus assister au déroulement du référendum, celui-ci s’est déroulé de manière libre et démocratique. Néanmoins, l’Union européenne et l’OSCE ont d’ores et déjà annoncé qu’ils ne reconnaîtront pas les résultats du référendum en raison d'irrégularités.
En attendant, la République de Moldavie a perdu son potentiel industriel situé en Transnistrie. Mais il serait faux de penser que la population en Transnistrie est plus épanouie qu’en République de Moldavie. Outre les militaires et leurs familles, la population transnistrienne est vieillissante. Comme dans toutes les régions moldaves, nombreux sont partis à l’étranger afin de fuir la misère.
Ecrit par Chantal DOUPEUX
Un Etat en quête d’une nation : République de Moldavie – Matei Cazacu et Nicolas Trifon – Editions Non Lieu. ISBN : 978-2-35270-052-4
Transnistrie : Voyage officiel aux pays des derniers Soviets – Frédéric Delorca - Editions du Cygne – ISBN : 978-2-84924-130-1
Transnistrie : La poudrière de l’Europe – Xavier Deleu – Editions Hugodoc – ISBN : 2-7556-0055-1
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